Maison Choix de la rédaction Espace chef : Alors, qu’est-ce qu’on mange en 2024?

Espace chef : Alors, qu’est-ce qu’on mange en 2024?

Louise Duhamel,
Chroniqueuse culinaire, chef bénévole des dîners communautaires et
résidente de Val-David

Dans les années 1980, je tenais un restaurant et, avant le début du service, je cuisinais toujours un repas pour mon personnel. Pour cela, budget oblige, j’achetais des aliments en promotion au marché Metro de Val-David. Je ne dépensais jamais plus d’un dollar par portion de protéine. Nous avons donc souvent mangé des cuisses de poulet! Je n’ose pas imaginer comment se débrouillent les chefs d’aujourd’hui. Les marges de profit des restaurateurs sont de plus en plus minces. Peuvent-ils encore se permettre de nourrir leurs employés?

De nos jours, les banques alimentaires luttent pour répondre à la demande d’une clientèle croissante. Nos organismes d’entraide ont de plus en plus de difficulté à collecter des denrées alimentaires afin de subvenir aux besoins criants actuels. Des établissements d’enseignement font de grands efforts pour que leur cafétéria offre à la clientèle étudiante des repas à petits prix, car celle-ci n’arrive pas à se nourrir convenablement. L’esprit se nourrit difficilement avec un ventre vide!

On l’entend et on le lit : « Cuisiner ses repas à la maison aide à économiser; planifier le menu de la semaine permet de réduire le temps passé en cuisine; prendre plaisir à cuisiner rend la tâche plus facile à gérer que si on la considère comme un fardeau; cuisiner en groupe rend l’activité plus agréable… » Les cuisines communautaires permettent de cuisiner de grosses quantités et de faire des économies de matières premières. J’en profite pour remercier toutes les personnes bénévoles qui travaillent à l’organisation des dîners communautaires de Val-David, elles contribuent à préparer des repas de qualité et à offrir une sortie mensuelle à faible coût.

Lorsqu’on connaît quelques bases de cuisine, on peut plus facilement diversifier les menus. Je salue l’initiative de certains carrefours jeunesse-emploi qui offrent des ateliers de cuisine aux jeunes inscrits à leurs programmes d’activités. J’ai participé à la création de ces ateliers qui sont devenus de véritables succès. Ils sont la preuve qu’il faut encourager les jeunes à mettre en pratique leurs nouvelles connaissances.

Ce sera tout un défi d’équilibrer son budget alimentaire en 2024. Il faudra être créatif et « faire beaucoup avec peu ». La formule soupe-repas sera gagnante. Elle permet de composer un menu nourrissant sans trop dépenser. La soupe peut se faire en utilisant des légumes offerts au rabais. Parfois pas très beaux ou juste un peu défraîchis, mais, avec notre imagination, ils peuvent être utilisés pour concocter quelque chose de satisfaisant à bas prix. La soupe, ça se fait aussi avec des restes de repas. C’est d’ailleurs ainsi que sont nées beaucoup de recettes.

Grâce à son pouvoir rassasiant, la soupe se suffit à elle-même si on l’accompagne d’un morceau de pain, de fromage, d’une salade… La soupe, c’est rapide et facile à faire. La méthode est presque toujours la même : on fait revenir de l’oignon, des poireaux, de l’ail (selon les goûts) dans un corps gras, on ajoute des légumes coupés en morceaux, puis on couvre d’un bouillon ou d’eau, avec ou sans concentré de saveur. On laisse mijoter jusqu’à ce que les légumes soient tendres. On peut servir la soupe telle quelle, directement de la casserole, ou dans des bols, après l’avoir mise en purée au mélangeur.

Des idées de soupes-repas, il y en a des tonnes sur le Net. En voici quelques-unes qui vous feront faire le tour du monde en une semaine…

Minestrone : dés de légumes, restes de sauce tomate et de pâtes, légumineuses cuites, parmesan

Chaudrée de palourdes : oignons, pommes de terre, carottes, maïs, poivrons, palourdes dans leur jus, liaison (farine ou amidon de maïs), croûtons

Soupe dahl : dés de légumes, lentilles rouges, épices indiennes, bouillon, yogourt nature, coriandre fraîche

Phô vietnamien : gingembre, oignons, ail, poitrine de bœuf, eau, clou de girofle, anis étoilé, grains de coriandre, échalote verte, nuoc-mâm (sauce poisson), nouilles de riz

Soupe à l’orge : dés de légumes, orge, chair de poulet ou de bœuf, bouillon, herbes fraîches

Soupe ramen : oignons, porc, bouillon, œufs mollets, nouilles ramen, légumes au choix, pâte de cari rouge

Soupe espagnole : oignons, ail, chorizo, pois chiches, bouillon, chou kale, paprika

Quant à moi, avec toute cette belle neige, je me sens inspirée par une soupe à l’oignon gratinée dont voici les ingrédients : oignons, thym, bouillon de bœuf (celui vendu au marché de Yann et cie est excellent), pain rassis, fromages gruyère et emmental.

 

Bonne année 2024, bonne soupe et bon appétit!