Maison Choix de la rédaction DÉPART de MICHEL VINCENT, propriétaire franchisé de notre METRO

DÉPART de MICHEL VINCENT, propriétaire franchisé de notre METRO

Jocelyne Aird-Bélanger
Résidente de Val-David

On le voyait partout, M. Vincent, en entrant chez Metro. Il pouvait aussi bien être à la caisse qu’en train d’organiser une tablette, ou à surveiller une livraison, à répondre au téléphone… Les clients de cette épicerie ne pouvaient manquer de rencontrer un jour cet homme efficace, toujours aimable, souriant et affairé, qui travaille au Metro de Val-David — où plutôt y travaillait — depuis 1996.

PARCOURS
Propriétaire franchisé du Metro de Val-David, Michel Vincent prend sa retraite « partielle » et part en ce mois de novembre après 48 années de travail pour l’enseigne Metro, dont 27 à Val-David. Il a commencé à travailler au Metro de Saint-Antoine à l’âge de 15 ans et est toujours resté dans le domaine de l’alimentation et toujours pour cette même bannière. Alors que Jacques Dufresne était propriétaire de ce commerce, c’est lui qui était directeur, et cela, pendant 21 ans. Depuis la vente du Metro en 2017, il est employé par la chaîne comme propriétaire franchisé.

Au cours de sa carrière, il aura fait tous les départements de l’épicerie sauf la boucherie et a graduellement monté les échelons, en gardant toujours la passion de son métier. Pendant longtemps gérant du département des fruits et légumes dans d’autres épiceries Metro, il a même gagné des prix à ce poste. Il y a 27 ans, en 1996, Jacques Dufresne a cru en lui et lui a donné l’occasion de devenir directeur général en lui donnant carte blanche. Ensemble, ils ont permis à leur commerce de gagner plusieurs prix, par exemple, en 2011, le Prix national des petites entreprises à travers tout le Canada, et en 2011-12, le Prix d’excellence Metro.

DÉFIS ACTUELS

De nos jours, le propriétaire franchisé doit suivre les recommandations de la chaîne le mieux possible, ce qui lui laisse un peu moins de latitude et de liberté. La banque de données de notre petit Metro compte environ 22 000 items en roulement constant. Certains produits restent longtemps tandis que d’autres disparaissent rapidement. Les goûts des consommateurs se modifient, également. Ainsi, autrefois, on consommait beaucoup de légumes en conserves. Aujourd’hui, ce sont surtout les surgelés qui ont la cote, et les conserves sont de moins en moins prisées. L’épicerie doit s’adapter sans cesse et rester à l’affût des goûts des gens et répondre, par exemple, à la demande pour les produits naturels, végés, bios ou de la production locale. Les repas sont plus variés; on ne mange pas nécessairement moins de viande mais les menus changent et évoluent. Il se vend aujourd’hui beaucoup, beaucoup de légumineuses, contrairement au passé. Bien que certains paraissent en douter, les prix des aliments dans les marchés Metro sont fixés par le bureau central et sont les mêmes d’un Metro à l’autre.

PÉRIODES MARQUANTES
M. Vincent apprécie sa clientèle, très belle et surtout locale, qu’il appelle une clientèle heureuse qui n’est pas critiqueuse ou désagréable. Une clientèle qui aime la vie et la bonne bouffe! La période de la COVID fut difficile, car notre épicerie, en tant que commerce essentiel, était très régulièrement vérifiée et attentivement suivie par la Santé publique, qui était très stricte. Le magasin prenait les commandes téléphoniques et les remplissait. Un groupe dévoué de bénévoles venait les chercher pour les apporter aux clients. Notre Metro a eu un bon coup de main de toute cette fameuse équipe et lui en est bien reconnaissant.

La pire période, cependant, ce fut celle avant la pandémie. En effet, il y eut, pendant quelques années, un nombre incroyable de décès dans la population locale, qui était déjà âgée à l’arrivée de M. Vincent. La situation devint très difficile pour les employés du Metro. Les gens arrivaient très tristes à l’épicerie et lorsqu’on prenait de leurs nouvelles, ils se mettaient très souvent à pleurer à cause du décès d’un proche, au point que le personnel ne savait plus trop comment réagir. Le CLSC est même venu donner une formation d’une journée sur le deuil pour aider les employés à gérer leur relation avec les clients. Cette situation fut grave au point d’entraîner une sérieuse baisse de clientèle. Les personnes devenues veuves et seules partaient vivre ailleurs, soit avec leurs enfants ou près d’eux, soit en résidence à Sainte-Agathe ou encore à Saint-Jérôme.

PRÉCIEUX PERSONNEL
Située en zone touristique, notre épicerie Metro est donc ouverte 365 jours par année de 8 à 21 h. Un des problèmes importants que doit affronter l’administration, comme bien d’autres commerces locaux, est un manque criant de personnel, ce qui force constamment M. Vincent à pourvoir des postes et à faire autre chose que son travail administratif. L’épicerie compte normalement 48 employés avec un roulement de 24 par année, mais elle fonctionne actuellement plutôt avec 38 employés. Les étudiants retournent aux études à l’automne et ceux qui vont au cégep sont de moins en moins disponibles. Le Metro embauche aussi des personnes handicapées à l’occasion, mais il manquerait tout de même une bonne dizaine de personnes. Autrefois, le quart du personnel se renouvelait chaque année; aujourd’hui, c’est la moitié des employés qui partent, ce qui signifie beaucoup de postes à combler et d’entraînement à effectuer.

Quand on lui demande ce qui se vend le mieux ici, il dit souvent à la blague que « tout ce qui est liquide s’écoule très facilement dans son épicerie »… Ou encore, toujours avec sa touche personnelle d’humour, que son commerce se gère comme s’il était sur une plage. Les jours de beau temps, tout part très vite. Au contraire, quand il fait mauvais, l’achalandage diminue. Il faut donc administrer tout cela de façon très serrée et faire extrêmement attention pour ne pas avoir trop de perte tout en répondant aux demandes de la clientèle. Tout un défi!

Avant de partir, Michel Vincent tient à remercier Jacques Dufresne, qui a eu confiance en lui, et à remercier également ses précieux employés de longue date qui ont traversé avec lui de multiples changements et l’ont toujours suivi. Il souligne qu’il a vécu de très bons moments avec eux et qu’ensemble, ils ont su garder un magasin attrayant dans notre village. Le petit Metro de Val-David a su se démarquer grâce à des investissements continus qui lui ont permis de s’agrandir considérablement, de s’enrichir de la remarquable murale créée par René Derouin et son équipe et de maintenir une clientèle fidèle.

PROJETS

Michel Vincent et l’une de ses petites-filles, Charlotte

Michel Vincent n’a pas de projets précis pour l’instant, à part se reposer un peu de tout le stress accumulé ces dernières années. Il veut surtout s’occuper de sa famille, de ses deux filles (dont l’une vit à Sept-Îles) et de ses quatre petites-filles dont la dernière n’a que quelques mois. Il est cependant bien certain de s’occuper ailleurs un de ces jours. Michel Vincent et un homme positif et chaleureux, toujours passionné par son travail, ce qui a contribué au climat convivial et assez détendu de son entreprise. Les gens de Val-David auront eu l’occasion, au cours de ces 27 années, d’apprécier son empressement à répondre à leurs demandes et la qualité et l’efficacité de son travail comme gérant et comme propriétaire franchisé. Toute la clientèle locale lui doit beaucoup et lui est reconnaissante de tant de travail et d’implication!

Au revoir, M. Vincent, et bonne route!