Maison Choix de la rédaction Le saint-bernard ou l’hélicoptère

Le saint-bernard ou l’hélicoptère

Jean-Luc Brassard avec deux secouristes retraités. Photo tirée de mon film sur les secours aux skieurs.

Gilles Parent
Collaboration spéciale

À l’automne de l’an 2003 se tenait le référendum du « Oui, le parc, je le veux ». Et la réponse majoritaire des citoyens fut « Oui ». Ainsi naissait le parc régional Val-David–Val-Morin, qui avait alors pour nom le parc régional Dufresne et pour les quelques années qui ont suivi. Je ne m’étendrai pas sur ce sujet, ce n’est pas le but de cet article. Mon expérience de président (bénévole) de l’Association des centres de ski de fond du Québec durant dix ans et mes qualifications internationales dans le domaine du ski nordique, de même que mon intense participation à la fondation de la Fédération québécoise de la montagne et de l’escalade ont fait que je fus désigné premier directeur de notre parc, pour le secteur Val-David, dès l’automne 2005. Pour cela, j’ai dû suspendre durant quelques années mes activités de scénariste, le défi à relever me paraissait pour le moins passionnant. Tout était alors à organiser, gérer, et opérer rapidement, et l’hiver n’allait pas tarder… les skieurs de fond et les raquetteurs allaient envahir les pistes et les sentiers très prochainement. La signalisation était déficiente et l’organisation de la sécurité, à peu près inexistante.

C’est particulièrement à ce sujet que je veux rappeler ici l’excellente coopération de la Municipalité de Val-David, qui a rapidement appuyé et assuré le développement d’une structure durable. En plus du personnel déjà en place, il nous fallait à tout prix être en contrôle de la sécurité et des interventions efficaces de secourisme et d’évacuation de victimes d’accidents majeurs. Il y avait des coûts. Le budget municipal et, surtout, le contrôle sérieux des droits d’accès des utilisateurs ont permis d’atteindre les premiers objectifs qui consistaient en une nette amélioration de la machinerie et du matériel de damage des pistes, doublée d’une augmentation majeure des panneaux de signalisation. Et, d’une importance capitale : la création d’un petit groupe de patrouilleurs formés pour intervenir auprès des usagers du parc. Cette première équipe n’allait pas profiter du traditionnel chien saint-bernard pour retrouver un skieur égaré après la fermeture du réseau, et encore moins de l’arrivée d’un hélicoptère pour évacuer un blessé incapable de bouger et dans un lieu difficile d’accès.

Le patrouilleur était alors le samaritain indispensable. Cette première équipe composée d’anciens, dont Claude Lavallée, et de nouveaux, tous amoureux du parc, était constituée de skieurs chevronnés, techniquement très forts, je l’exigeais, capables de skier sur toutes les pistes difficiles, en toute neige, tout terrain, bref, des skieurs de haut niveau. (J’imagine que c’est toujours le cas!) Ces quelques « chanoines » des neiges ont volontairement suivi une formation adéquate en secourisme, incluant la toute nouvelle utilisation du matelas coquille, véritable miracle de l’immobilisation de la victime pour un déplacement salutaire. C’était parti. De plus, des employés permanents accomplissaient le rôle de pisteurs en assurant à la fois secours et transport de blessés avec l’utilisation de la motoneige et d’un traîneau spécialement conçu pour cela.

Mieux vaut prévenir que guérir. Ce dicton vieux comme le monde est toujours de mise dans le domaine de la sécurité. Bien entendu, les accidents graves sur un domaine nordique sont plutôt rares. La majorité des accidents qui nécessitent l’intervention des patrouilleurs, des pisteurs, sont généralement dus à une faute technique du skieur, ou au non-respect des consignes et de la réglementation; quelques fois l’accident est causé par le froid intense doublé d’un égarement, rarement à cause de l’environnement forestier.


Malgré tout, la présence assidue des patrouilleurs demeure une priorité, autant que l’aménagement sécuritaire du réseau des pistes et des sentiers, tout comme l’importance du service d’accueil. À ce sujet, dès la création du parc, un petit groupe nommé « les amis du parc », sous la plus qu’appréciable initiative de Micheline Loiselle, entourée d’une dizaine de personnes généreuses, a joué un rôle formidable et bénévole, tout comme celui des patrouilleurs.

Ski de fond, randonnée nordique et promenade en raquettes ont atteint une énorme popularité depuis les quinze dernières années, si bien que l’encadrement et la formation des patrouilleurs devaient se resserrer davantage, et qui de mieux qu’un ex-capitaine chez les pompiers de Montréal pour assurer le plus de professionnalisme possible à cette équipe bénévole; Richard Matton était, et est toujours, l’homme de la situation. Il est rassurant de constater que la direction du Parc priorise et assume toujours la sécurité du réseau et des activités; une suite bien convoitée après le trophée obtenu par le Parc (premier prix) pour son « aménagement sécuritaire » de la part de l’Union des municipalités du Québec et cela, dès la première année d’opération!

NDLR La page Album souvenir alterne un mois sur deux avec les récits de Gilles Parent. Vous la retrouverez le mois prochain.