
Étienne Boivin
Résident de Mirabel et avide cinéphile
J’ai vu Conclave, d’Edward Berger. Qui eût cru qu’un film sur l’élection d’un nouveau pape pourrait nous maintenir ainsi sur le bout de nos sièges pendant deux heures? C’est un véritable témoignage envers la puissance du cinéma que ce thriller politique. Avec une bonne histoire, de bons acteurs et un réalisateur talentueux, cette procédure ecclésiastique devient à l’écran un suspense qui nous tient en haleine tout au long du film.
Il n’est pas nécessaire d’être religieux ou même vaguement intéressé par la religion pour apprécier Conclave, car il est ici question de thèmes universels de pouvoir et de jeux de coulisses. J’oserais même avancer que l’on n’est pas si loin de Game of Thrones dans le récit, violence et nudité en moins, on s’entend.
Au centre du film, l’acteur Ralph Fiennes est un virtuose à qui l’on a donné une partition digne de son immense talent. Il brille de tous ses feux dans le rôle du cardinal Lawrence, chargé de l’organisation et du bon fonctionnement du conclave, alors que les cardinaux souvent rivaux sont séquestrés pour l’élection du nouveau pontife, à la suite du décès du pape précédent.
Fiennes est entouré d’une distribution solide; on notera la participation de Stanley Tucci et John Lithgow, qui sont parfaits en cardinaux tous deux candidats à la papauté. J’ai d’ailleurs trouvé amusant que le personnage joué par Lithgow soit nommé cardinal Tremblay, mais l’histoire ne dit pas s’il vient du Lac-Saint-Jean.
Le film fait état du rôle effacé des femmes dans ce processus et dans cette institution de façon plus générale, mais on a su confier le seul rôle féminin vraiment notable à une actrice capable de faire énormément avec très peu de temps à l’écran, et Isabella Rossellini habite tout le film malgré le fait que ses apparitions soient courtes et sporadiques.
La réalisation, la photo et la direction artistique sont somptueuses. On a même bâti une réplique grandeur nature de l’intérieur de la chapelle Sixtine pour le tournage. Plusieurs plans sont saisissants et le rythme donné par la réalisation et le montage capte et garde notre attention tout au long, le suspense fonctionne parfaitement.
Finalement, Conclave lève le voile sur une institution et une culture d’une autre époque, pourtant toutes deux bien existantes encore aujourd’hui. Nous entrons dans des lieux interdits pour suivre une intrigue exceptionnellement bien ficelée autour d’un acteur au sommet de son art. On peut voir le film en vidéo sur demande chez plusieurs streamers (Apple TV, Amazon Prime Video, Google Play), ou il est également possible de le louer à la Cinémathèque Méliès.
En février, on surveille la sortie de Vil & misérable, de Jean-François Leblanc, avec Fabien Cloutier et Pier-Luc Funk, et pour la Saint-Valentin, plusieurs se réjouiront de l’arrivée en salle de Bridget Jones: Mad About the Boy, avec Renée Zellweger, qui reprend le rôle d’une Bridget Jones maintenant veuve et monoparentale qui s’éprendra d’un homme plus jeune. Bon cinéma!