
Gilles Chaumel
Animateur radio à CKRL 89,1 Québec, historien et mélomane
Qu’est-ce qu’elle a de si complice, l’écriture de la poète métisse innue Marie-Andrée, pour nous rentrer dedans comme si elle lisait dans nos âmes, dans nos replis les plus intimes??
C’était vrai dans Chauffer le dehors, son recueil de 2019, où il était question d’une peine d’amour; ça l’est encore plus dans Uashtenamu/Allumer quelque chose, qu’elle vient de publier aux Éditions La Peuplade. C’est le quatrième recueil de poésie de la sensible autrice, et celui-ci est une œuvre au ras de nos pâquerettes intérieures, qui met des mots inattendus sur notre relation avec la nature, avec notre voisinage fait d’amis, de parents et de chars ou de skidoos, tous vivants ici comme ça s’peut pas. Ajoutons que cette fois, l’univers de la native de Mashteuiatsh est plus présent, comme le titre du recueil le laisse voir, comme le titre de chacun des poèmes aussi. Mais le propos est universel comme dans «Apikuashun, la tente»:
À’ grandeur du ciel
les violons jouent la vitesse des vents
les ailes des urubus brillent
par-dessus la fourrure
des montagnes aux seins nus
je laisse ma marée faire ses griffes
sur les plages de ta peau
c’est le vertige des jours simples
et j’existe remplie d’une caresse d’eau
dans le camping de tes mains
où j’ai choisi de planter ma tente
(p. 24)
Détentrice d’une maîtrise en littérature, Marie-Andrée Gill anime, de plus, des émissions de baladodiffusion portant sur la décolonisation et la mise en valeur des cultures des Premières Nations; participe étroitement à des documentaires sur les questions identitaires; s’engage à fond à partager ses mouvances intérieures, sa quête de la beauté et de la vérité.