Maison Actualité Cinéma premier choix – Habiter la maison

Cinéma premier choix – Habiter la maison

Étienne Boivin

Résident de Val-David et avide cinéphile

J’ai vu Habiter la maison, un drame psychologique de Renée Beaulieu. Tourné ici même dans les Laurentides, Habiter la maison est un film lent et nuancé qui s’appuie largement sur une interprétation fort convaincante de son principal acteur. François Papineau porte le film sur ses épaules dans le rôle de Simon, père de famille et entrepreneur en construction dans les Laurentides qui perd ses repères alors que sa conjointe (Nathalie Cavezzali) le laisse et que ses enfants quittent le nid familial.

Le film joue sur plusieurs niveaux. Habiter la maison, c’est bien sûr habiter le nid familial. Mais habiter la maison, c’est aussi s’habiter soi-même comme tente de le faire Nathalie, la mère de famille qui s’est effacée pour laisser toute la place aux siens.

Chacun des enfants du couple est en dehors de sa propre maison au sens figuré, et chacun tentera de trouver sa place dans cette vie qui n’est plus celle d’hier, celle de l’enfance où les murs de la maison étaient si présents et réconfortants, peut-être même jusqu’à en devenir étouffants. Si l’origine de leurs maux remonte à la même source, ils présentent tous des symptômes différents qu’ils devront confronter. Les trois jeunes interprètes sont tous à la hauteur et livrent des personnages intéressants.

Habiter la maison, c’est aussi habiter son corps, lui qui peut nous trahir, comme pour la mère de Simon (France Castel), qui est en perte d’autonomie et pour qui il devient de plus en plus difficile d’habiter la maison de son propre esprit. Des événements que je ne dévoilerai pas viendront renforcer ce thème, jouer sur notre condamnation à habiter la maison de notre propre enveloppe corporelle.

Si François Papineau est sans contredit le mur porteur de cette maison, vous me permettrez un clin d’œil à mon ancienne camarade de classe Nathalie Cavezzali, qui fut une de mes toutes premières partenaires de théâtre, alors que nous étions adolescents. La comédienne, originaire de Val-David, nous offre un jeu subtil, tout en retenue. J’ai trouvé son personnage malheureusement un peu sous-développé, problème qui incombe au scénario, et non à l’interprète. Nathalie fait beaucoup avec ce qui lui a été donné.

La réalisation de Renée Beaulieu tend vers une élégante simplicité, c’est assez réussi, même si l’on souhaiterait parfois y trouver une signature plus personnelle. La cinématographie de Serge Desrosiers est impeccable; je noterai plusieurs superbes prises de vues aériennes des Laurentides, cet endroit que j’habite, et que j’appelle ma maison.

Pour finir, Habiter la maison est un film un peu imparfait, mais qui fait preuve d’une grande sagesse émotionnelle de la part de la réalisatrice, qui parvient ainsi à nous toucher avec ces personnages du quotidien, à travers la vie de ces gens un peu ordinaires, cette vie qui est en fait un peu la nôtre. Le film est disponible en ligne gratuitement sur le site de Télé-Québec: www.telequebec.tv.

 

Au mois d’août je surveillerai la sortie en salle du nouveau film d’Ethan Coen, Honey Don’t!, avec Chris Evans, Aubrey Plaza et Margaret Qualley, alors que le cinéma québécois s’invite au théâtre avec la pièce Québec-Montréal, une adaptation théâtrale du film de Ricardo Trogi. Bon mois d’août!