Maison Actualité Cinéma premier choix – Horreur!

Cinéma premier choix – Horreur!

Étienne Boivin

Résident de Val-David et avide cinéphile

Le genre de l’horreur a souvent mauvaise réputation. C’est un type de cinéma qui est souvent jugé par ses pires films plutôt que par ses meilleurs. Pourtant, certains films sont passés à l’histoire et rivalisent en créativité et en pertinence avec les meilleurs drames ou les meilleures comédies. Dès la toute petite enfance du cinéma, George Méliès tourne Le Manoir du diable en 1896.

En 1922, le réalisateur allemand F. W. Murnau tourne Nosferatu, eine Symphonie des Grauens. Ce film muet est devenu un grand classique; il s’agit d’une adaptation très libre du roman Dracula de Bram Stoker. Comme Murnau n’avait pas les droits sur le roman, un juge a ordonné à l’époque la destruction de toutes les copies du film. Heureusement, des cinéphiles ont conservé des bobines pendant des années, et le film a pu être reconstitué des décennies plus tard. Les partitions de la musique originale, jouée au piano pendant les projections, ont cependant été perdues probablement à jamais. L’an dernier, le cinéaste Robert Eggers a tourné une superbe version moderne de Nosferatu, véritable lettre d’amour au film original.

Toujours au cinéma muet, Lon Chaney tourne en 1925 un autre grand classique, Le Fantôme de l’Opéra, selon l’œuvre de Gaston Leroux. Le film est très réussi et fonctionne toujours même à ce jour : si vous commencez à le regarder, vous allez le terminer. Il marque aussi une avancée majeure pour les maquillages d’effets spéciaux.

À travers les années, le genre connaît des transformations, et on peut distinguer des époques : l’âge d’or des monstres dans les années 30; pensez à Frankenstein, The Mummy et au colossal succès de Dracula en 1931 avec Béla Lugosi. Alfred Hitchcock se pointe dans les années 50 et ajoute une profondeur psychologique aux films; on peut penser à Psychoou The Rear Window. Les années 70 nous donnent les « Slasher Movies » où un tueur menace généralement un groupe d’adolescents, comme dans Halloween ou Friday the 13th. Des années 1990 jusqu’aux années 2020, le genre se cherche un peu, se parodie, se répète. On voit Scream ou Misery.

Plus récemment, le genre se trouve une nouvelle niche dans le commentaire social et regagne en qualité et en pertinence. Jordan Peele tourne Get Out en 2017 pour parler de racisme, The Invisible Man (2020) parle de violence conjugale et The Long Walk (2025) de la vie sous le capitalisme.

Le cinéma québécois n’est pas très attiré vers l’horreur, mais nous donne tout de même Le diable est parmi nous (1972), Sur le seuil (2003), Les 7 jours du Talion (2010), pour en nommer quelques-uns. On s’amuse aussi avec Karmina de Yves Pelletier.

 

En octobre, mois privilégié pour le genre, j’attends le Frankenstein de Guillermo del Toro, une histoire plus pertinente que jamais à l’ère de l’intelligence artificielle. Le cinéma québécois nous proposera Ma belle-mère est une sorcière de Joëlle Desjardins Paquette. Bon cinéma.