
Jean-Marc Lugand – Opinion
La campagne électorale est lancée sur le fond du dossier de règlement pour l’expropriation du terrain de La Sapinière. Cette saga me rappelle le dossier de l’expropriation des terrains devenus le parc Dufresne, où, à l’automne 2003, et dans un contexte électoral, les citoyens étaient divisés notamment concernant le coût de celle-ci. Finalement, le oui l’avait remporté à près de 60%…
Qui, aujourd’hui, remettrait en question l’existence du parc Dufresne? Au-delà d’un partenariat entre deux municipalités, Val-David et Val-Morin, unies au sein d’une vision commune, les retombées économiques, sociales et environnementales sont au-delà des coûts initiaux. Notre Parc fait indéniablement partie de notre identité. Il accueille; gratitude.
Vingt-deux ans plus tard sur un terrain magnifique de 91 acres, en bordure du parc Dufresne, l’histoire se répète avec les mêmes enjeux. Opposant d’un côté un propriétaire revendiquant légitimement son droit face à une mesure d’expropriation et d’autre part la municipalité justifiant du bien commun pour la construction d’une nouvelle école, contrainte à l’expropriation totale du terrain.
Le coût inhérent initialement avancé à près de 25 millions $ est révisé aujourd’hui entre 3 et 7 millions $, soit une contribution annuelle moyenne de 40 à 90$ sur notre compte de taxes. Si notre gouvernement tient ses promesses, une partie du terrain de La Sapinière (18 %) accueillera une nouvelle école. La balance de 75 acres (82 %) sera vraisemblablement un développement immobilier. Dans le budget municipal et dans cette chicane, l’enjeu se résume au coût, à la dette.
Bien plus qu’une facture, nous déplorons aujourd’hui une fracture au sein de notre communauté. Sur fond de partisanerie et de calomnies, les attaques et les médisances ont blessé et empoisonné notre espace public. Une fois de plus, malheureusement, comme un enfant agité mais plein de talents, «notre village à part» a fait mauvaise presse. L’histoire et nos expériences nous enseignent qu’un conflit peut se transformer en d’extraordinaires opportunités; résilience.
Du point de vue de l’investisseur, le développement du terrain est une opportunité rentable. Le propriétaire peut renoncer au jugement en sa faveur et vendre son terrain au promoteur le plus offrant, à l’exception du terrain requis pour la future école. Devrions-nous lâcher celui-ci au plus offrant, au risque d’y voir se dupliquer un quartier sans âme?
Le jugement oblige la Municipalité à acquérir le terrain. Serait-ce aussi l’occasion de transformer son problème en une opportunité? Mais au fait, quel type de développement immobilier souhaitons-nous? Nous, citoyens, aurons-nous l’occasion de proposer une vision intégrant dans ses plans des réponses inhérentes à nos besoins?
Il existe plusieurs modèles audacieux de développement de quartiers dans des municipalités au Québec. Souvent gérées par des corporations à but non lucratif, comme des Fiducies d’Utilité Sociale (FUS), elles protègent le terrain de toute spéculation immobilière. Tout en respectant un équilibre financier rigoureux, leurs valeurs ont pour socle des logements abordables tout en étant accessibles à la propriété, la durabilité du patrimoine bâti et un cadre architectural cohérent avec son milieu, le respect de l’environnement, un aménagement favorisant des milieux de vie avec des espaces communs, tels que des jardins communautaires, des espaces récréatifs et de création artistique et culturelle. La proximité du parc Dufresne pourrait aussi suggérer la création d’un centre d’interprétation et de formation aux métiers du plein-air et de la nature… Bref, la liste des possibles est vaste et ils devraient être compatibles avec nos valeurs, nos besoins et affirmer notre identité originale et nos talents; rayonnement.
Ne serait-il pas alors nécessaire qu’en toute indépendance partisane, une véritable concertation citoyenne se mobilise afin de réfléchir sur ce que NOUS voulons pour le développement du terrain et l’avenir de notre village? Dans le contexte des élections, la solution n’est plus seulement de régler une facture. L’enjeu est surtout de réparer une fracture et d’oser saisir l’opportunité de développer le terrain de La Sapinière d’un autre point de vue, le nôtre.
Dans le cadre de leur campagne électorale, je souhaiterais connaître l’opinion de nos candidats… et la vôtre!
Jean-Marc Lugand
514 688 7228
jmlugand@hotmail.com