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Ode à la course

Crédit photo : Emmanuel Daigle

Sandra Mathieu

Quand je cours, je me sens invincible et rien ni personne ne peut m’enlever ce sentiment. Je suis exposée aux éléments et tous mes sens sont en éveil. Je me sens en vie. J’oublie ce que je faisais avant et ce que je ferai après. Je suis ici et maintenant. Le temps s’arrête. Ça me remplit d’espoir, d’audace et de lucidité.

J’ai la conviction que je peux toujours m’améliorer. Pas pour courir plus vite ou plus longtemps, même si c’est souvent un avantage collatéral, mais plutôt pour courir mieux, en étant à l’écoute de mon corps et de mon état d’esprit.

Les émotions varient selon que je cours seule ou accompagnée, sur la route ou dans la forêt, avec ou sans musique, sous le soleil, la pluie ou la neige, dans la chaleur ou le froid, mais quoi qu’il advienne, je les accepte sans jugement. Les longues montées me font apprécier les dénivelés négatifs et vice versa. Je suis consciente de chaque respiration, je considère ma course comme une grande méditation.

Si parfois je cours pour atteindre un objectif, la plupart du temps, je cours vers MON fil d’arrivée : une meilleure version de moi-même. À chaque foulée, je le sens, je m’en approche un peu plus. Comme lorsque nos efforts sont récompensés quand on arrive au sommet d’une montagne, chaque fois que mon pied se dépose au sol, je m’approche de mon Everest à moi. Chaque fois, je plonge à l’intérieur et mon empathie est décuplée. Je suis sensible à ce qui m’entoure.

Il m’arrive même de me découvrir des petits talents : l’art de me moucher à l’indienne avec classe, discerner les chants d’oiseaux, reconnaître des odeurs, analyser les nuances de bleu du ciel ou les types de nuages, minimiser les bruits que j’émets pour ne pas apeurer un chevreuil…

J’apprends à me connaître, je laisse les idées me traverser; des projets naissent, des rêves grandissent. J’éprouve de la gratitude et je me sens devenir une meilleure personne pour ma famille, mes amis, ma communauté.

Je cours parce que je peux le faire, je cours parce que je suis à ma place et je ne voudrais être nulle part ailleurs. Tout comme Forrest Gump, mon héros des temps modernes, le jour où cette sensation disparaîtra, j’arrêterai.

Bien sûr, étant de nature curieuse et une grande passionnée de la vie en général, je me plonge dans l’instant présent grâce à plusieurs activités et situations. En ces temps bien particuliers, il est primordial d’optimiser les heures qui passent et c’est un excellent moment pour découvrir ou redécouvrir ce qui nous fait vibrer, un temps pour se questionner, faire des choix et se concentrer.

Je souhaite à chaque être humain de trouver cet état de grâce et de multiplier les occasions de s’y retrouver. Et n’oubliez jamais de rester ouvert d’esprit car la vie, c’est comme une boîte de chocolats : on ne sait jamais sur quoi on va tomber!