
Louis Babin
Compositeur, Directeur musical et artistique,
Ô Chœur du Nord, Les Chanteurs de la Place Bourget, Chœur Tremblant
En ces temps troubles qui mélangent une pandémie qui s’étire et avec une guerre qui s’est imposée à un pays non belliqueux, je trouve à propos de vous présenter une chanson qui mène à une réflexion sur notre attachement à notre lopin de terre, à notre culture et à notre humanité. Je veux parler de Mon pays, de Claude Léveillée. Une chanson qui, malgré un titre qui rappelle l’œuvre de Gilles Vigneault, donne une couleur différente de celle du maître de Natashquan. On sent le labeur du côté de Léveillée. Comme si au lieu de décrire une peinture, nous en faisions partie:
Mon pays
C’est grand à se taire
C’est froid, c’est seul, c’est long à finir à mourir
entendez-vous les vents, les pluies, les neiges et les forêts?
Mon pays
quand il te parle
Tu n’entends plus rien tellement c’est loin
Dans mon pays les gens se taisent
Ils endurent, apprennent et se cramponnent aux dures semaines
Entendez-vous les vents, les pluies, les neiges et les forêts?
Comme un compte rendu de l’histoire des bâtisseurs du passé qui passent le témoin. C’est une vision qui était dans l’air du temps dans les années soixante. Quelle puissance, quelles images évocatrices et poétiques :
Et que veux-tu que je te dise?
Que nos pères au lieu de s’en aller s’instruire
Se devaient de construire Et que maintenant arrachent et fracassent
arbres et nature
Pour au plus vite s’inscrire dans le bien-vivre
Une chanson pas comme les autres qui a une finale qui surprend, comme si on devait prendre la suite pour la compléter. Elle se termine avec force et conviction avec l’impression de s’envoler sans ne plus revenir en arrière.
Sur YouTube on retrouve le grand Claude Léveillée accompagné d’un orchestre non identifié : https://youtu.be/YEgW9G8K5aM.
Quelques enregistrements pour chœur sont aussi à portée de clic. Je vous invite cependant à venir le 5 juin à la salle Le Patriote de Sainte-Agathe-des-Monts pour entendre la version qu’en donnera Ô Chœur du Nord.
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Sur une note plus personnelle, j’aimerais ajouter que le 23 avril marquera pour moi un événement spécial. À Sherbrooke, à l’université du même nom, je dirigerai mon récital de fin de maîtrise en direction chorale. Ce retour aux études est l’un des aspects positifs de cette pause forcée dans mon calendrier de répétitions et de concerts au cours des deux dernières années. Au programme, des œuvres de Byrd, Morley, Handel, Rachmoninov, Brahms, Debussy, Holman, Naumann et l’une de mes pièces qui a été composée pour Ô Chœur du Nord : Arbres de verre.