Maison Actualité Ces gestes qui comptent

Ces gestes qui comptent

Sara Vallières

Résidente de Val-Morin et enseignante

J’ai été, pendant plusieurs années, enseignante au préscolaire. J’ai souvent tenté, à travers mon métier, d’aider des parents à trouver le courage de faire des choix qui demandent un effort supplémentaire dans un monde comme le nôtre : garder leur enfant loin des écrans, lui permettre de se développer principalement à travers le jeu libre et privilégier à la maison une routine qui protège la santé et les forces de leur jeune enfant. Or, ce jour-là, je me souviens, c’est d’une famille que je visitais qu’est venu un exemple devenu moment si précieux entre mon fils et moi. Je vous raconte…

J’étais passée chez une maman dont j’avais accompagné l’enfant par le passé et c’était l’heure du retour des classes. Elle m’offre le thé et dresse la table avec une collation. Les enfants arrivent avec deux de leurs camarades, jettent leurs sacs dans un coin et s’attablent ensemble. Il y a des discussions, des rires et chacun un peu se lâche et se déleste des évènements du jour. Le moment m’éblouit! Les années suivantes, j’en parle parfois aux parents de mes classes, de l’idée de se donner ce temps de qualité après l’école avant que tout le reste nous happe : souper, bain et routine du dodo. Et puis voilà, presque à la fin du parcours scolaire de mon fils, ça s’est placé pour nous. Au retour de l’école, nous nous retrouvons autour d’un thé et d’un goûter juste pour être ensemble, pleinement, pour 10 minutes. Parfois, il se confie, j’en apprends plus sur lui, ce qu’il pense, ce qu’il vit. Parfois, rien ne se dit, nous laissons simplement le moment nous saisir et nous emporter. Après, chacun va là où il doit aller, mais avec au cœur, je dirais, un petit quelque chose de plus chaud.

J’ai souvent pensé qu’un enfant qui passe sa journée à l’école revient de ce jour comme nous revenons du travail : pas un jour n’est vraiment pareil, certains nous remplissent, d’autres nous vident, mais une chose est sûre, c’est que nous avons besoin de rentrer, chez nous et en nous-mêmes, et de nous poser. L’idée de soigner ce retour à la maison peut presque sembler d’un autre temps aujourd’hui avec nos horaires surchargés, mais parfois nous oublions qu’en donnant une vraie présence de dix minutes à un enfant, c’est nous que nous libérons. Il peut ensuite vaquer par lui-même à ses occupations pendant que nous faisons les nôtres.

Évidemment, ce n’est pas si facile de se dégager du temps et de l’espace, mais qui d’autre que nous a le pouvoir de décider de ce qu’il veut sous son toit? Quel est le geste qui, pour nous, compte et qui fera une différence, amènera plus de joie et de douceur à l’ensemble de notre famille? Créer ces îlots de liberté, j’appelle ça voler du temps au temps pour prioriser ce qui compte vraiment, et je crois, sincèrement, que ces petits gestes valent beaucoup pour nos enfants.